Le São Sebastião Tem Alma XXV
Le São Sebastião Tem Alma XXV, ou São Sebastião en attente sur le terre-plein du port du Tinduff sur son chariot de transport.
Canoa Caiçara
Le São Sebastião est un canoa des populations Caiçara du Sud-Est du Brésil.
Caractéristiques
Longueur : 7,5 m
Largeur : 1,1 m
Profondeur : 0,9 m
Poids : 400 kg
Monoxyle : taillé dans un seul tronc de «guapuruvu»
Équipage : de 1 à 3 personnes
Armement : pagaies longues et /ou voile à livarde .
Pirogue monoxyle
Les Guarani, population des canoas Caiçara, vivent dans le Sud-Est du Brésil.
São Sebastião tem Alma XXV est un « Canoa caiçara« , un type de pirogue traditionnellement construite et utilisée par les populations Caiçara du Sud-est du Brésil pour la pêche de subsistance sur la côte.
Le terme « caiçara », d’origine tupi-guarani, désigne les communautés côtières des États de Rio de Janeiro, São Paulo et Paraná.
Le canoa, taillé dans des troncs de bois indigène, est l’un des éléments fondamentaux de l’identité et du mode de vie caiçara.
Le canoa Sao Sebactiao tem Alma est une « pirogue monoxyle » , une embarcation construite dans une unique pièce de bois taillée dans un tronc d’arbre.
Étymologie : grec « mono », seul, et « xyle », bois.
La pirogue monoxyle se retrouve sur tous les continents, sous des formes plus ou moins différentes, et est encore en usage dans certaines régions du monde. Elle constitue le point de départ de l’évolution de la grande majorité des bateaux.
Elle apparaît pendant la Préhistoire sous la forme d’un tronc d’arbre sculpté et évidé.
Les plus anciennes pirogues monoxyles datent du 8e millénaire avant notre ère (Mésolithique). Elles sont les seules épaves de bateaux préhistoriques découvertes par les archéologues. Leur conservation s’explique par leur imposante masse de bois qui ne se décompose pas si facilement lorsqu’elles sont immergées en terrain gorgé d’eau pendant des milliers d’années, les protégeant de l’oxygène, de la lumière, des champignons et des insectes.
Sur plus de 3 500 épaves monoxyles connues actuellement en Europe, seules 600 ont été datées et les pirogues préhistoriques n’en représentent qu’une cinquantaine. Les autres sont plus récentes, la majorité remontant au Moyen Âge ou aux Temps modernes.
Historique
Contexte : Brest 96
Affiche du festival maritime « Brest 96 » où est né le Sao Sebastiao.
La pirogue a été creusée pendant le célèbre festival maritime Brest 96, organisé tous les 4 ans, qui a rassemblé près de 2 500 bateaux, 17 000 marins représentant 30 pays et plus d’un million de visiteurs.
Joël Le Bail, un universitaire brestois, est à l’origine de la venue des Brésiliens à Brest 96. Il souhaitait une coopération ou au moins un échange d’informations approfondies entre Brest et les Indiens tupi-guaranis qui vivent en réserve autour de São Sebastião, non loin de Sao Paulo.
Ces photos montrent le canoa entrain de se faire construire, et sur la deuxième image l’ont peu voir le chef tupi guarani, avec sa parure de plumes.
Les charpentiers de l’ONG « São Sebastião tem alma« , aujourd’hui disparue, qu’accompagnait un authentique chef indien guarani, ont construit en huit jours un Canoa Caiçara de 7 mètres taillé dans un tronc d’arbre très brésilien : le Guapuruvu, arbre tropical connu pour sa grande rapidité de croissance ( 3 à 9 mètres par an) et pouvant atteindre 40 mètres de hauteur.
Un guapuruvu en pleine croissance. © Mauricio Mercadante
Fabrication, abandon et sauvetagge
Une vue du « quai à chevaux » depuis la porte W du magasin D, dit le « hangar à patates ».
C’est dans ce hangar qu’a été protégé le São Sebastião Tem Alma XXV pendant des années.
Une fois achevé , il a été remis le 18 juillet 1996 à la SOPAB qui gère le port de plaisance du Moulin-Blanc de Brest afin qu’elle en soit la dépositaire.
La délégation brésilienne a confié officiellement l’embarcation à Jacques Sevellec, directeur de la SOPAB. L’opération s’est déroulée au 5e bassin , juste avant le départ des Brésiliens pour Paris puis leur pays.
Manuella, la fille de J. Sevellec, est devenue la marraine de la pirogue, taillée dans un tronc de son propre pays d’origine et François Cuillandre, actuel maire de Brest ,le parrain.
Malheureusement, le lendemain matin, après la fin du festival (le jour du grand défilé en direction de Douarnenez), un docker du Port de Commerce qui vivait là, Serge Santelli, a aperçu le canot, abandonné, au-dessus d’un énorme tas de copeaux destiné à être incinéré.
Ayant décidé de le sauver, sur les quais, il a réussi à ouvrir le magasin D, appelé « hangar à patates« .
Puis il a soulevé le bateau au moyen d’un chariot élévateur à 4 fourches et l’a déposé à l’abri à l’intérieur .
Il y est resté 21 très longues années , oublié de tous.
En 2017, ayant quitté la la coopérative de dockers ADS dans le hangar de laquelle se trouvait toujours la pirogue , monsieur Serge Santelli décida de la récupérer.
Gérard Iguer, dernier président de l’ADS, récupérant le São Sebastião Tem Alma XXV.
Il s’est rendu sur les lieux, a récupéré le Canoa, très poussiéreux mais néanmoins en parfait état et l’a placé sur une remorque qu’il a tractée jusqu’à son club d’aviron de mer « Ar Rederien Mor » au Port du Tinduff à Plougastel.
Il l’a conduit sur le terre-plein du port où il se trouve toujours à l’heure actuelle, et l’y entretient et le fait vivre.
Utilisation
Le São Sebastião Tem Alma XXV mené à la voile à livarde sur Plougastel.
Désormais, le São Sebastião Tem Alma XXV reprend doucement du service. Ce bateau avance aussi bien à la voile qu’à la pagaie, et offre une expérience dépaysante et plaisante aux marins l’essayant.
Le São Sebastião Tem Alma XXV à la pagaie, lors du coucher de soleil sur la Rade de Brest.