Le sant Efflam
Le Sant Efflam en escale au port de Douarnenez en 2021, posé au repos sur la grève.
Curragh des Mers
Le Sant Efflam est un curragh de grande taille, dédié aux longs voyages.
Caractéristiques
Genre : Maritime
Architecte : François Vivier
Chantier constructeur : Auto-construction Association Aux Marches du Cranou . Construit à
Telgruc sur Mer.
Année de construction (ou mise en service) : 1997
Longueur hors tout : 9,60 m
Longueur coque : 9,46 m
Longueur flottaison : 7,30 m
Largeur Maître bau : 2,30 m
Tirant d’eau : 0,40 m
Tirant d’air : 7,10 m
Déplacement (tonnes) : 1,450 t
Jauge administrative (tonneaux) : 3,94 tonneau
Coque :
Les membrures et lisses sont en bois, le bordé est en cuir.
Pont et superstructures :
Les Bancs de nages, les parties pontées réservées à la flottabilité et les espars sont en bois
Gréement :
Gréement carré.
Le mât de misaine, le grand mât, les vergues, les tangons, les avirons et les safrans sont en
bois. Les écoutes et drisses sont en fibre synthétique, les autres bouts sont en chanvre
goudronné.
Voilure :
Voiles carrées.
Les laizes sont en tissu de lin, la ralingue en chanvre goudronné
Emménagements :
Coffre arrière amovible servant aux matériel de navigation et de sécurité, électronique
embarqué, cartes et documents règlementaires.
Structures bois amovibles accueillant les réserves de flottabilités (styrodur) sous les plat-bord, à l'étrave et à l'arrière.
Avant propos : Naissance du projet
Photo de l’article « Sur la trace des curraghs » paru dans Le Télégramme le 17 juillet 1996.
On peut y voir Mathias Mercier et Julian Stone à côté du Spontailh An Dour.
Tout a commencé en 1996.
Trois amis, Mathias Mercier, Julian Stone et Tristan Clamorgan, réalisent un petit bateau en branches ligaturées, recouvert de toile goudronnée : le « Spontailh An Dour ».
Présenté aux fêtes maritimes de « Brest et Douarnenez 96 », cet insolite bateau suscite tout de suite un grand intérêt de la part du public. Encouragés par cette réussite et intrigués par l’histoire oubliée de ces bateaux et des hommes qui les utilisèrent, ils vont rapidement élaborer l’idée d’un grand projet de reconstruction et de navigation d’un canot médiéval.
En 1997 à Hanvec, une dizaine de passionnés du patrimoine maritime ont créé l’association « Aux marches du Cranou » .
Leur objectif : construire un grand canot de cuir à voile, un curragh, identique à ceux qu’ont utilisé les moines irlandais, qui ont fait reculer les frontières du monde connu .
Naviguant dans toute l’Europe et jusqu’au large de Terre Neuve à bord de ces canots de cuir non pontés, ils ont entre le IVe et le VIIIe siècle accompli ce qui peut être considéré comme l’une des plus fantastiques épopées de l’histoire maritime.
Un visuel de la pierre de Kilnaruane montrant le curragh de Saint Brendan partant dans en exploration spirituelle et géographique.
Fascinés par cette incroyable aventure humaine et par les bateaux qui ont permis ces navigations incroyables , après de nombreuses recherches en France et en Irlande, les membres de l’association ont décidé de construire un curragh baptisé « Sant Efflam » et de réaliser un projet particulier , à savoir partir d’Écosse, longer l’Irlande et arriver en Bretagne, en visitant les monastères écossais et irlandais, d’où sont partis grand nombre de moines vers la Bretagne.
448-512 : Saint Efflam
Détail de la chaire à précher d’Ely Mombet à Plestin-les-Grèves
montrant Saint Efflam et ses compagnons dressant une croix sur le Grand Rocher.
Né en Hibernie (Irlande) en 448 , fils du roi d’Irlande, Efflam est obligé par son père de se marier avec la fille d’un monarque saxon, Enora , afin d’établir la paix. Les deux jeunes mariés s’y résignent et décident de vivre leur mariage dans la virginité. Efflam fit vœu de chasteté , un ange l’aida à résister à la tentation.
Il décide de partir évangéliser les païens de l’Armorique. Il prit la mer avec quelques disciples dans un curragh.
Selon la légende , il aurait débarqué en 470 sur les grèves de Plestin , dans le Trégor , avec ses compagnons Mellec, qui donna son nom à Pors Mellec, Kirio, à la plage de Kirio, Carré au lieu-dit Lancarré, Quémeau, Haran, Nérin et Eversin.
Il rencontra le roi Arthur qui poursuivait un dragon. Il fit jaillir une source à Saint-Efflam pour le désaltérer. Puis il pria devant l’antre du dragon , lequel mourut en se précipitant alors dans la mer. Son épouse Enora quitta l’Irlande et le rejoignit dans un oratoire qu’il lui avait fait bâtir. Ils y vécurent chastement , se consacrant à Dieu. Il mourut en 512.
1997 : La construction
Le Sant Efflam durant sa construction, ici vers la fin dde la mise en place des bois.
La construction a suivi une démarche historique qui a fait l’objet de visites à des constructeurs irlandais de curragh, à laquelle se sont adjointes les compétences de l’architecte naval François Vivier. Elle a duré plusieurs mois et a été réalisée par des bénévoles.
Après plus d’un an et demi de recherches, de démarches, de tâtonnements et d’énigmes, de Bretagne en Irlande, les premiers plans du bateau sont tracés au printemps 97, à partir de la tradition encore vivante aujourd’hui en Irlande et des diverses sources historiques.
Séduits par l’originalité et les ambitions d’un tel projet, différents partenaires financiers se lancent dans l’aventure. Grâce à cet apport financier et au concours de proches, d’amis, de gens compétents et généreux qui les ont rejoints dans cette aventure, ils peuvent mettre en chantier leur grand Curragh de mer à voile dès le mois de juin 1997. Ils travaillent jusqu’au mois d’octobre et , après cinq mois et demi de labeur, leur vaisseau de peau, baptisé « Sant Efflam » est enfin achevé.
1997 : Le baptême
Le Sant Efflam voguant pour la première fois. Il fut baptisé devant l’Abbaye de Landévennec, sur l’Aulne.
Le 16 novembre 1997 il est baptisé par l’abbé Louis dans les eaux de l’estuaire de l’Aulne, juste au pied de l’Abbaye de saint Gwénolé à Landévennec , devant un millier de personnes. Les finistériens poussent alors à la mer la 3ème version moderne et mondiale du curragh des mers baptisée « Sant-Efflam ».
1998 : Apprentissage
Le Sant Efflam à la fête maritime de Concarneau en 1998, son équipage entrain de s’y habituer.
Le grand départ pour un périple le long des côtes irlandaises était prévu pour mai 1998 et le retour en août 98. Mais plusieurs raisons ont amené l’équipe à reporter ce voyage d’un an.
Des raisons financières d’abord , des raisons de réglage du bateau ensuite, pour améliorer les performances, mais aussi permettre le perfectionnement de l’équipage qui, avec une année supplémentaire d’entraînement, pourrait mieux le maîtriser.
Ce report devait aussi permettre d’enrichir le programme culturel du voyage et de présenter le bateau au public lors des fêtes nautiques et grands rassemblements de vieux gréements tout au long de l’été 98, comme Concarneau, l’Aber Wrac’h, Le Faou 98 et Douarnenez 98.
1999 : Le grand voyage
Le Sant Efflam à la fête maritime de Concarneau en 1998, son équipage entrain de s’y habituer.
Le voyage a duré du 20 juin au 18 septembre 1999 , 3 mois, sur 3.000 km de côtes , un itinéraire maritime comportant une vingtaine de sites monastiques sur les côtes écossaises, galloises, irlandaises et bretonnes.
Le 11 juin, le bateau est transporté de Douarnenez jusqu’à Oban, en Écosse.
Le 21 juin, il prend la mer.
Le 5 juillet, il arrive à Craighouse sur l’île de Jura.
Puis, d’Écosse, il met le cap sur l’Irlande, pour enfin arriver à Landévennec le 18 septembre.
Une vingtaine d’équipiers ont participé à ce voyage, durant lequel le bateau a connu quelques coups de tabac. Il y avait en permanence cinq personnes à bord. Parmi l’équipage, on trouvait également deux Espagnols, une Écossaise, une Canadienne et un Irlandais.
La navigation a duré tout un été, en partant de l’Écosse, pour passer par la côte ouest de l’Irlande, les iles d’Aran, les iles Skellig, la Cornouaille anglaise et les Iles Scilly.
Le 8 septembre il arrive à Ouessant , lieu d’atterrage et d’attente des moines migrateurs venus d’Irlande et du Pays de Galles via la Cornouailles, pour évangéliser l’Armorique. Le 18 septembre , une grande fête l’attendait à Landévennec pour la fin de son périple. Malgré la pluie incessante, plusieurs centaines de personnes étaient au rendez-vous pour accueillir le Curragh et saluer l’exploit de l’équipage.
Le Sant Efflam à la fête maritime de Concarneau en 1998, son équipage entrain de s’y habituer.
2000 : Consécration
Le 28 avril 2000 , Marie-George Buffet, ministre de la Jeunesse et des Sports, a remis officiellement, le prix «Défi Jeunes 2000» à Julian Stone, jeune Finistérien de 28 ans, pour avoir en 1999, avec son équipe, construit un curragh , finalisé la mise au point du bateau et préparé l’expédition. Puis avoir navigué pendant trois mois sur les traces des moines navigateurs celtes du VI e siècle, d’Écosse en Bretagne en passant par l’ouest de l’Irlande . Également avoir réalisé un reportage de films et de photos sur au total, 3.000 kilomètres de côtes parcourues en trois mois de navigation. Les recherches historiques ont été effectuées en collaboration avec des universités, des chercheurs de différents pays et des acteurs du patrimoine maritime bretons et celtes.
Des collectivités territoriales et des entreprises locales et nationales avaient participé au financement du projet.
Pour l’an 2000, les organisateurs avaient voulu des Fêtes maritimes grandioses. Brest 2000 et de Douarnenez 2000 flirtaient alors avec la démesure, mais le spectacle était à la hauteur avec le Sedov et le Khersones, le Stad Amsterdam qui avait choisi Brest pour sa croisière inaugurale, les répliques historiques Shtandart et Grand Turk qu’on avait jamais vues en France .
Les sept « Villages » d’Europe du Nord, d’Europe du Sud, des Iles Britanniques, des Professionnels de la Mer, etc…Les Yoles de Bantry et le Défi des « Jeunes Marins d’Europe »…La jonque vietnamienne Sao Maï et les bateaux-dragons chinois… Et la première parade navale de nuit menée par l’Abeille-Flandres…
Le voyage du Sant Efflam y était représenté et le bateau a paradé à Brest ainsi qu’à Douarnenez.
2001 : Irlandais et Galice
Le Sant Efflam sur l’Aber Wrac’h en 2001 en compagnie du curragh irlandais Colmcille.
Lors du festival «Vers un autre rivage» , deux curraghs étaient de sortie.
Le breton «Sant-Efflam» et l’irlandais «Colmcille» ont évolué sous voiles et à la rame dans L’Aber-Wrac’h, suscitant la curiosité et l’admiration du public tout le long de la côte .
Le Colmcille est un grand curragh des côtes nord de l’Irlande.
Il a été baptisé du nom de Colmcille en souvenir de Colomba, moine celte qui fonda un grand monastère sur l’île de Iona. Il se consacra à évangéliser l’Écosse.
Ce bateau était utilisé au sein d’une association qui souhaitait préserver le riche patrimoine maritime des côtes nord de l’Irlande. Depuis 1997, elle avait organisé de nombreuses expéditions vers Iona, la Bretagne, etc.
Le Sant-Efflam s’est refait une beauté avant de repartir pour un nouveau défi .
L’expédition «Vers la Galice» est organisée par l’association « Aux marches du Cranou » .
Deux canots médiévaux , le « Sant-Efflam » et le « Colmcille », toutes voiles dehors ont largué les amarres au Port-Rhu à Douarnenez , direction la Galice .C’est encore une sacrée aventure : 2000 km de côtes et deux mois de navigation .
2002 : Première exposition à Douarnenez
Durant l’été 2002 , le Musée du bateau de Douarnenez a présenté une exposition :
« l’aventure du Sant Efflam dans le sillage des moines navigateurs du Haut Moyen Age».
Elle retraçait l’odyssée du Sant-Efflam ces cinq dernières années et rappelait l’importance de la mythologie des saints fondateurs de la Bretagne dans la mémoire collective . Elle présentait les premières esquisses dessinées par l’équipe pour affiner le projet, les techniques de construction et, bien sûr, le bateau lui-même, canot en cuir de 9,60 m sur 2,30 m.
2004 : Seconde exposition à Rennes
Le Sant Efflam arrivant à Rennes en 2004 pour son installation dans le Musée des Beaux Arts de Bretagne.
Juin-Août : Exposition au Musée des Beaux Arts de BRETAGNE de Rennes .
« L’aventure du Saint-Efflam : entre mythe et histoire » , tous les jours (sauf lundi et jours fériés) de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h. L’exposition explique jusqu’au 14 août , autour du bateau construit par des passionnés d’archéologie maritime , la manière dont la culture bretonne a représenté l’histoire de ces voyages extraordinaires au fil des siècles.
Le Sant Efflam et son installation dans le Musée des Beaux Arts de Bretagne de Rennes.
2004-2020 : Stockage
Le Sant-Efflam bénéficie de l’hospitalité des réserves du Port Musée de Douarnenez pendant de très longues années…
2020 : Le retour
Le Sant Efflam entrain de sortir du hangar de stockage du Musée des bateaux des Douarnenez.
En novembre 2020, en plein confinement du fait de la COVID , il reprend vie. Il est sorti « de sa réserve » avant de rejoindre son nouveau port d’attache , Kerlouan.
Il est confié à « Gward an aod » , « gardes côtes » en français, une jeune association visant à « promouvoir et actualiser les savoirs faire marins bretons ainsi que les valeurs humaines qui leur sont liées ». Basée à Kerlouan, sur les côtes du Pays Pagan, elle fédère plusieurs associations de reconstitution et participe à un ensemble d’expériences scientifiques dîtes « d’archéologie expérimentale« . Son objectif est de faire ressurgir la flotte et l’expérience maritime bretonne médiévale.
Le Sant Efflam sorti du hangar où il aura été projet pendant des années, prêt à reprendre du service avec Gward An Aod.
2021 : Nouvelle vie
Le Sant Efflam et le Brioc le 23 juillet 2021 en partance pour le festival maritime de Douarnenez.
Le festival maritime « Temps Fête » de Douarnenez a eu lieu du vendredi 23 au dimanche 25 juillet . Annulé l’année précédente en raison de la crise sanitaire , il est revenu pour le plus grand plaisir des touristes et des amoureux du patrimoine de la mer. Cependant , dans un format réduit , beaucoup moins de bateaux étaient présents tout comme ceux qui venaient les admirer. La jauge était fixée à 1.500 visiteurs. Ces derniers devaient présenter le pass sanitaire à l’entrée.
L’affiche du festival maritime « Temps fête » de 2021.
En septembre 2021, il est présent au « Festival de Loire » à Orléans, à quai , mais ne peut naviguer du fait du sous effectif d’équipage , en raison de l’absence de « Gward an aod ».
L’affiche du festival maritime « Festival de Loire » de 2021.
On peut tout de même y apercevoir le Mernog, un autre bateau de l’association!
Finalement, l’aventure avec Gward An Aod se termine, et le bateau revient alors à quai au port du Tinduff.
Le Sant Efflam, en escale au Port du Tinduff, finira tout simplement par y rester pour une période indéterminée.
Avenir
Le Sant Efflam, toujours prêt à vivre de nouvelles aventures malgré une vie mouvementée.
Son avenir va être de faire découvrir la navigation archaïque et médiévale dans la Rade de Brest en compagnie de « Mernog », un naomhog currach, « Sivi », un teifi coracle et de « Sao Sebastiao tem Alma XXV », une pirogue monoxyle du Brésil.
Le Sant Efflam et le Brioc ensemble.